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Précisions sur la méthode proposée

La méthode proposée s’appuie sur 13 années d’expérimentation dans une vingtaine de pays européens et africains. Elles ont été conduites avec le souci constant d’identifier et tester les bonnes façons de faire pour permettre à tous les citoyen-ne-s de s’exprimer sur ce qui est réellement important pour elles/eux et de se prémunir de toute forme de domination ou manipulation. Tout a été pensé dans ce sens et les résultats sont présentés sous forme de réponses aux questions suivantes. Des améliorations sont sans doute encore à trouver dans cette méthode mais elle peut constituer, par ses acquis, une base de départ intéressante.

Pourquoi la phase individuelle sur post-it est-elle importante ?

Dans tout débat il y a une orientation qui n’est pas neutre et qui est donnée au départ, soit pas ceux qui organisent le débat, soit par ceux qui parlent en premier et parlent le mieux. Or cette orientation peut focaliser la discussion sur certains sujets et passer à côté d’autres parfois beaucoup plus importants pour la majorité des participants sans qu’ils ne s’en rendent compte, du moins sur le moment. Pour éviter ce biais, il est essentiel que chaque personne individuelle puisse prendre le temps de la réflexion personnelle et exprimer ce que sont ses attentes pour elle-même.

Le temps de la réflexion personnelle est important également pour aller au-delà des préoccupations immédiates et en venir à ce qui est fondamental. Enfin de compte qu’est-ce qui compte le plus pour chacun de nous ? Poser la question sous la forme des quatre questions qui sont proposées permet de laisser une grande ouverture.

La troisième raison de l’importance de la phase individuelle est que nous avons tous des vécus différents et c’est la diversité de ces vécus qui peut donner une vue d’ensemble des questions qui se posent sans se limiter à certaines particulières. C’est pourquoi plus large est l’expression des citoyens plus on se rapproche de cette vision d’ensemble.

Ces trois raisons militent pour une vraie démocratie c’est-à-dire une démocratie où le droit à la parole de chacun est assuré et est égal pour tous et toutes les paroles sont prises en compte.

Pourquoi les quatre questions (ou d’autres questions) ?

La formalisation des questions doit laisser la pleine ouverture pour la réflexion de chacun. Elles ne doivent pas être fermées mais au contraire totalement ouvertes et amener une certaine progression dans la réflexion. C’est le sens des quatre questions qui sont proposées.

  • Partir du mal-être permet d’exprimer tout ce qu’on ne veut plus vivre, d’une manière libre : « Qu’est-ce que pour vous le mal-être (ce que vous ne voulez plus voir) ? »
  • Vient ensuite ce à quoi on aspire pour soi-même. Le bien-être (ou bien vivre ensemble) est la manière la plus ouverte de l’exprimer. « Qu’est ce que pour vous le bien-être ou le bien-vivre ensemble ? »
  • La troisième question est indispensable pour prendre en compte le futur et non uniquement le présent, notamment le bien-être de ceux qui ne peuvent pas s’exprimer au présent (enfants et générations futures). « Comment prendre en compte dans le bien-être de tous celui de nos enfants et des générations futures ? »
  • Enfin la quatrième question est la question conclusive, celle qui porte sur les attentes des citoyens en termes de politiques publiques : « Quelles politiques publiques faut-il pour que ceci soit possible ? »

D’autres questions (ou moins de questions) sont possibles en restant dans le principe des questions ouvertes.

Combien d’expressions par personne ?

En accord avec le principe de la liberté d’expression aucune limite n’est donnée sur le nombre d’expressions par personne. Cependant il est important de changer de post-il chaque fois qu’on veut exprimer une nouvelle idée. C’est le principe de une idée par post-il, sinon on peut difficilement classer les expressions et faire des synthèses.

Pourquoi des petits groupes ?

La première raison est qu’il est plus facile de débattre en petit groupe qu’en grand groupe (7 à 12 personnes est l’idéal), permettant plus facilement à chacun de s’exprimer, quitte à se réunir ensuite entre groupes.

La deuxième raison est une raison pratique : il est plus facile de se réunir par quartier ou par entreprise, etc.

A ces deux raisons peuvent s’en ajouter d’autres, notamment la plus grande facilité à parler entre semblables qui partagent les mêmes préoccupations : femmes, hommes, jeunes, retraités, etc. cela permet aussi de voir ce que chaque catégorie souhaite plus particulièrement, mais ce n’est pas une obligation !

La constitution des groupes est libre ou concertée, par exemple au niveau d’un territoire (quartier, village ville,…). Il faut toutefois éviter de constituer des groupes sur des bases idéologiques ou religieuses. Les groupes de citoyens ne sont pas des groupes de pression pour imposer des idées, mais des groupes d’écoute, de dialogue et de co-construction de visions communes à partir de la diversité des points de vue des personnes qui y participent.

Comment animer les petits groupes ?

Le groupe choisit un animateur, si possible formé préalablement à la méthode. L’animateur commence par rappeler les objectifs de l’exercice, notamment l’idée de construction d’une vision commune à partir de la parole de tous, dans une posture d’ouverture, écoute et dialogue. Il pose ensuite la première question et distribue les post-its d’une même couleur en rappelant le principe d’une idée par post-its. Le temps est laissé à chacun pour remplir les post-tis sur la première question. L’animateur récupère tous les post-its et les mélange pour préserver l’anonymat.Il est important de noter ici que tous les post-its, une fois remis à l’animateur, appartiennent dès lors au groupe, comme expression du groupe qui devra donc les valider.

La même opération est répétée pour la deuxième question avec des post-its d’une autre couleur.

Au bout de la deuxième question l'animateur redistribue les post-its des deux couleurs aux participants et affiche la grille en grand (impression A0), soit sur une table, soit sur un mur, pour que tout le monde la voie. Il invite alors chaque participant à lire un à un les post-its qu’il a et chaque post-it lu est placé sur la grille, en commençant par une couleur de post-its (voir photo et ci-après). Chaque post-it est validé un à un par le groupe avant d’être placé.

Une fois qu’on dispose de la grille avec toutes les réponses aux deux premières questions, l’animateur pose la troisième question avec des post-its d’une troisième couleur . Les post-ils sont de la même manière regroupés, mélangés et redistribués pour assurer l’anonymat puis lus un à un et classés sur la grille.

La même opération est faite pour la quatrième question.

A la fin de l’exercice le groupe valide la synthèse dans sa globalité

Comment faire les synthèses ?

S’il y a bien une règle de base qu’il faut respecter dans la production de synthèses c’est celle de la prise en compte de toutes les paroles des citoyens sans exclusion. C’est le principe de la synthèse inclusive. Ceci non seulement pour une question de respect de l’expression démocratique mais également pour ne pas perdre la richesse de tout ce qui a été dit.

Cependant il peut arriver qu’un groupe ne souhaite pas valider un post-it exprimé par un de ses membres. Dans ce il devra être rediscuté au sein du groupe et éventuellement ajusté ou remplacé par un autre post-it moins problématique. Cela se passe toutefois rarement, essentiellement s’il s’agit d’un post-its exprimant une forme d’exclusion. Voir exemples dans « comment résoudre les contradictions ? ».

Classement des réponses des citoyens

Toutes les réponses sont classées suivant la grille. Celle-ci est le produit de 13 années d’expressions citoyennes, permettant de cerner tout ce que les citoyens peuvent exprimer en termes de mal-être ou bien-être (les trois premières questions) et en termes de politiques publiques. Pour télédécharger la grille cliquer ici. Ce classement se fait au sein de chaque groupe, comme expliqué ci-avant, puis entre groupes, jusqu’au niveau national, voire plus, suivant des règles de classement bien précises pour assurer la fidélité au sens que les citoyens ont voulu donner à leur parole.

Quand on arrive à un niveau plus global, un classement par type de mesures politiques peut s’avérer également utile pour des questions pratiques, notamment en ce qui concerne la quatrième question, portant sur les politiques publiques – Voir exemple.

Rédaction des synthèses descriptives

Une fois le classement réalisé, il est possible de rédiger une synthèse sous forme d’une phrase ou quelques phrases par composante de la grille reprenant les diverses idées qui ont été exprimées. Cette rédaction, non nécessaire au niveau d’un petit groupe, le devient quand on passe à des niveaux supérieurs et que le nombre de réponses par composante de la grille devient important. Il s’agit dans un premier temps de synthèses descriptives de la parole des citoyens. Leur objectif est de rendre compte de cette parole le plus fidèlement possible.

Pour plus d’informations voir comment et qui rédigent les synthèses globales.

Comment restituer et valider les synthèses ?

La validation des synthèses est un acte essentiel car il marque la reconnaissance et l’appropriation d’une vision commune par ceux qui ont participé. Elle se fait tout d’abord dans chaque petit groupe de citoyens, au moment de la lecture des post-ils et à la fin de l’exercice, comme expliqué ci-avant. Chaque groupe relit, éventuellement complète et/ou ajuste la classification de ses propres critères avant de la valider. Des ajustements peuvent être nécessaires notamment s’il apparait certaines incohérences ou contradictions entre les paroles des citoyens. On cherche alors à les résoudre de manière consensuelle. Voir exemples dans « comment résoudre les contradictions ? ».

La validation des synthèses descriptives construites à des niveaux plus globaux (régional, national, voire plus) implique un retour aux citoyens. Il peut se faire par consultation online. Un email est envoyé à tous les groupes qui ont participé pour les inviter à valider. A ce stade il s’agit uniquement de vérifier que les attentes du groupe ont été correctement prises en compte.

Les synthèses une fois validées deviennent des forces de propositions légitimées par la masse des opinions qui ont été exprimées. Cette force sera d’autant plus grande que les synthèses seront riches, cohérentes et feront le lien entre plusieurs propositions.

Comment élargir le processus ?

Les premières synthèses descriptives ne sont pas figées mais seront progressivement enrichies de deux façons.

1- Enrichissement par les groupes de citoyens qui ont déjà participé

La prise de connaissance des synthèses à différents niveaux par les groupes de citoyens ayant participé au processus peut conduire à découvrir des complémentarités possibles et faire naitre de nouvelles idées et suggestions, par exemple pour des échanges ou des actions collectives dépassant le niveau local. Ces nouvelles idées et suggestions peuvent être alors intégrées dans les synthèses descriptives qui deviennent de ce fait des synthèses suggestives. Pour une raison de traçabilité on séparera ce qui relève des paroles initiales et ce qui relève de nouvelles suggestions.

2- Elargissement par le nombre de citoyens participant au processus

L’élargissement du nombre de groupes de citoyens qui participeront au processus conduira également à enrichir les synthèses. En toute rigueur ils devraient pourvoir faire la totalité de l’exercice sans avoir connaissances des premières synthèses pour ne pas être influencés par elles. Dans la pratique cela n’est pas toujours envisageable. Mais l’exercice individuel ou collectif reste important pour permettre à tout groupe de vérifier ‘’a posteriori’’ la cohérence ou la complémentarité de ses propositions avec celles qui apparaissent dans les synthèses.

Comment sont traitées les données et la question de l’anonymat?

Pour pouvoir faire une synthèse globale toutes les expressions sont encodées dans une base de données on line, sous forme wiki, que chacun peut consulter. Chaque expression garde la trace du groupe qui l’a exprimé mais non de la personne, ce qui préserve l’anonymat. Cette traçabilité permet également des échanges horizontaux directs entre groupes qui ont des propositions similaires ou complémentaires.

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